Né autour de 14 avant J.-C. et mort vers 50 de notre ère PHÈDRE est un fabuliste latin d’origine thrace, affranchi de l’empereur Auguste.
Il dit humblement qu »‘Ésope a créé la fable et en a trouvé la matière, moi j’ai poli celle-ci en vers sénaires ». En fait seules quarante-sept pièces seraient cependant directement empruntées à son illustre prédécesseur.
> Fable : « Le chien nageant » <
On perd justement son bien, quand on convoite celui d’autrui.
Un chien traversait un fleuve avec un morceau de chair dans sa gueule : il aperçoit son image dans le miroir des eaux, et, croyant voir un autre chien portant une autre proie, il veut la lui ravir.
Mais son avidité fut tompée : il lâcha la proie qu’il tenait, et ne put néanmoins atteindre celle qu’il avait convoitée.
> Fable : « L’aigle la chatte et la laie » <
Une aigle avait fait son nid au sommet d’un chêne; une chatte sauvage, ayant trouvé un creux au milieu de l’arbre, y avait fait ses petits; une laie habituée à vivre dans les forêts avait déposé sa portée près du pied.
Mais cette intimité formée par le hasard fut détruite par la mauvaise foi et la méchanceté funeste de la chatte. Elle grimpe jusqu’au nid de l’aigle et lui dit : « On prépare ta perte et peut-être, hélas ! aussi la mienne. Car, si tu vois chaque jour cette laie perfide creuser le sol, c’est qu’elle veut abattre le chêne pour pouvoir à terre se jeter facilement sur nos progénitures.
Après avoir semé la terreur et le trouble dans le cœur de l’aigle, elle descend en rampant à la bauge de la laie couverte de soies. « Tes petits, lui dit-elle, sont en grand danger. Car, aussitôt que tu sortiras pour chercher pâture avec ton jeune troupeau, l’aigle, déjà prête à l’attaque, t’enlèvera tes marcassins ». Quand elle a répandu l’effroi aussi dans ce lieu, la fourbe va se cacher dans son trou où elle est en sûreté.
Elle en sort la nuit pour aller çà et là d’un pas qui ne touche presque pas le sol et, quand elle s’est bien nourrie et qu’elle a bien nourri ses petits, elle affecte d’avoir peur et a l’œil au guet tout le jour. L’aigle, craignant la chute de l’arbre, ne le quitte pas. La laie, pour se garder contre le rapt de ses petits, ne sort plus de chez elle.
Bref, aigle et laie moururent de faim avec leurs petits et fournirent à la chatte et aux petits chats un repas abondant.
Que de mal fait souvent un homme au langage perfide !
Cette fable peut l’apprendre aux gens sottement crédules.