Philosophe et essayiste contemporain français né en 1954, Baudoin de BODINAT, selon Maxime Catellier, « cultive l’anonymat comme d’autres le plagiat ». Il vivrait dans la Nièvre
(serait) Nivernais
> Extrait de « Au fond de la couche gazeuse : 2011-2015 » <
Le plus curieux et troublant dans cette métamorphose est qu’elle se soit produite comme à notre insu. On se réveille un jour dans un monde où tout est autrement, qui ne tient plus par rien à celui qui était là encore la veille, comme s’il en avait été toujours plus ou moins ainsi à vivre dans l’étroitesse de l’Âge définitif, à l’intérieur de cet invisible dôme radio-électrique nous séparant de tout ce qui fut antérieurement ; sans s’aviser que ce phénomène s’est étendu jusqu’en soi-même, à ne plus y retrouver les impressions, les pensées et les imaginations que l’on avait dans cette époque après tout peu lointaine, qu’on a connue, où tout se ressentait autrement, où l’on mangeait des huîtres, où les pêcheurs remontaient leurs filets grouillants de poissons ;
où les nouveau-nés ne se présentaient pas avec déjà des nanotubes de carbone dans le cerveau, ni additionnés de mimétiques les prédestinant à une dentition désastreuse, aux tumeurs de la sphère reproductrice, avec des équivoques dans les caractéristiques, du déficit attentionnel et des troubles cognitifs ; où l’on apprenait les nouvelles par de grandes feuilles imprimées qu’on achetait dans la rue ; où les saisons étaient habituellement à ramener dans leur cycle les mêmes sortes de jours au long de la vie ; où le temps était devant ses habitants comme une évidence à se perdre au loin, si l’on s’y reporte, etc. ; et comme si beaucoup de générations s’étaient déjà succédées à l’abri de ce dôme depuis son établissement.