La dénomination des prix pour les candidats âgés de 15 à 25 ans, comporte des noms de repas, il s’agit des prix FESTIN déclinés en 1. pantagruélique 2. fellinien 3. bucolique.
Elle est annoncée le samedi 7 juin, dans le cadre de la Grande Dictée Bucolique, les poèmes seront lus par Jean-Marie THIEDEY à l’association Hostellerie de la Tour.
Parmi l’ensemble des poèmes reçus dans la catégorie JEUNES, les prix décernés aux candidats gagnants du concours sont les suivants :
1er prix « FESTIN pantagruélique » attribué à Sheryl LAWSON pour « A qui iront les miettes »
L’entrée, où l’histoire culinaire débute,
Goût d’une voûte,
Tracé d’un blanc crémeux prolongeant les bords du légume déformé,
Chaque bout flottant telle une étoile dans la voile lactée.
La vapeur virevoltant dans l’air,
Alors qu’à présent, le goût infiltré serait électronique,
Bouts de téléphone craquants sous les dents,
Nos corps plastifiés, nos goûts évaporés,
Personne ne le remarquerait pourtant.
Ah ! Le plat principal sonne sa présence
Le sain devient le nouveau riche,
Le gras devient le nouveau pauvre.
Le dessert suivant à la course,
Addiction, surnom sur le terrain,
L’estomac de chacun accroît à son appellation.
Pourtant nous oublions souvent,
Les miettes qui s’envolent,
Regardées par les restes osseux de ceux qui ne rêvaient que d’un bout de pain.
Mère, je n’aime point cela, jette-les,
Serait-ce ce qu’un enfant affaibli dirait ?
Pourtant, l’enfant affaibli, lui, ne manquerait pas,
D’offrir son pain à celui sur la table,
Serons-nous toujours à ignorer, devant nos écrans,
Les miettes que personne ne ramassera ?
Sheryl LAWSON, âgée de 19 ans
Demeurant à Koerich (Luxembourg)
2eme prix « FESTIN fellinien« attribué à Maeva CHERASSE pour « Haiku »
Ce soir je rêvais —
D’un doux vin grec fleurant
L’écorce de pin
Maeva CHERASSE, âgée de 22 ans
Demeurant à Vénissieux (69)
3eme prix « FESTIN bucolique« attribué à Noa MARDOUKH pour « Le banquet de l’abime »
Les saveurs explosent en une farandole dorée,
Le beurre se change en éclats nacrés qui m’enlacent,
Tandis que le vin, ivresse du vivant, me berce,
Et m’entraîne dans une extase qui efface l’instant.
Pourtant, au coeur de cette frénésie gustative,
quand la pensée s’éteint… Quelle place pour l’âme ?
Si, à chaque bouchée, engloutie par l’opulence,
Je frôle l’insatiable déraison de l’excès ?
Chaque bouchée murmure une promesse incandescente,
Un souffle d’or glisse sous mes doigts tremblants.
Et, tel un festin gargantuesque, j’embrasse l’infini.
C’est dans ce plaisir qui se fait à la fois doux et traître-
Que la gourmandise me voit, me poursuit, m’attrape et me fait danser.
Mais n’est-ce pas là un piège, un mirage de la sensualité ?
Sous mes lèvres, elle fond et m’égare.
Pourtant, derrière l’éclat de ces mets, la faim veille, tapie dans l’ombre.
Hédonisme sacré, ventre creux insatiable,
Autour de ces grandes tables, au contraste cruel
Les mets deviennent des hymnes ineffables —
Ils nous emportent fous dans un ballet troublant.
L’opulence efface toute culpabilité.
Les mains tremblent de plaisir, les coupes se vident,
Mais que vaut ce festin, quand, juste là-
la misère éteint tout éclat ?
Là où l’un mange son pain, l’autre se gave de foie gras sur lit de caviar,
Là où l’on célèbre l’excès, l’ombre des restes grandit-
Dans un silence compact, témoin d’un festin inégal.
Les délices éclatent dans un délire d’extase,
L’appel de la dopamine, océan sans fin,
Comme un rêve d’ambre posé sur l’horizon.
Je cherche continuellement de l’extase dans l’excès et la beauté,
Mais quel chemin est-ce, sinon celui de l’oubli ?
Ne sommes-nous pas, tous, esclaves de nos papilles affamées,
Prisonniers d’un banquet qui nous enchaîne autant qu’il nous exalte ?
Les desserts, ces trophées sucrés de la terre,
Sont-ils des récompenses méritées,
Ou seulement un poison tendre et fauve,
Un mirage qui nous apaise pour mieux nous consumer ?
Pourquoi dévorer sans voir, festoyer sans penser,
Le cri silencieux d’une souffrance souvent ignorée.
Cette douleur qui se dissimule derrière l’excès,
Quand la célébration du goût n’est qu’un masque pour le vide ?
Noa MARDOUKH, âgée de 20 ans
Demeurant à Créteil (94)
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