La dénomination des prix pour les candidats auteurs et autrices édités à compte d’éditeur, comporte des noms liés aux repas, il s’agit des prix SOUPER déclinés en 1. familial 2. à la bonne franquette 3. du routier.
Elle est annoncée le samedi 7 juin, dans le cadre de la Grande Dictée Bucolique à l’association Hostellerie de la Tour.
Parmi l’ensemble des poèmes reçus dans la catégorie AUTEURS, les prix décernés aux candidats gagnants du concours sont les suivants :
1er prix « SOUPER familial » attribué à Jennifer GAUMANN pour « Sur ma langue la terre »
J’ai léché une poire ce matin.
Plutôt que de croquer, je devinais sa chair,
Sa peau de chenille crevée de brun
Et j’ai senti sur ma langue, la terre.
J’ai alors ouvert la bouche sur les murs,
Mes papilles roses rasant le pan poreux.
J’ai sucé les poignées, poli les serrures.
Des poils de moquette j’ai adoré les nœuds.
L’après-midi, j’ai eu une faim de livres.
L’ ovale de chair a glissé sur les lignes noires,
Humectant les pages du bâteau ivre.
Ma fleur de gorge béante, prête à recevoir.
Alors j’ai voulu essayer la robe de brume,
La poussière des grands papillons,
Les rouilles des sables sur l’écume,
Tout, jusqu’aux débris de lune vermillons.
J’ai léché à en perdre haleine,
Des épaules nues des hautes cîmes
Aux orteils des anges, à leurs cheveux de laine.
J’ai salivé sans compter les instants sublimes.
J’ai bu l’aurore aux lèvres des racines,
Cueilli du bout de la langue un fruit d’horizon,
Où chaque goutte, en perle fine,
Nourris mon âme comme un vin profond.
Jennifer GAUMANN, née en 1980
Demeurant à La Rippe (Suisse)
2eme prix « SOUPER à la bonne franquette » attribué à Alain KEWES pour « À table »
J’ai mis sur la table l’assiette des impôts
La fourchette des bénéfices
Un couteau tiré
Le verre à moitié plein
Le sel de l’existence
Un plat qui se mange froid
Une patate chaude
Des salades à n’en plus finir
Un fruit de la croissance
Un pain dans la gueule
Ne restait qu’à déguster.
À table (altern. track)
J’ai plus un radis
Pas d’oseille
Je cours l’artiche…
Oh, sans succès.
Pas de quoi
En faire un plat
Pas de quoi
En faire des salades
Mais quand j’entends
Ces grosses huiles
Faire leurs choux gras
De mes jours maigres
Moi qui mets les bouchées doubles
Sans jamais tirer les marrons du feu
Je m’demande si je ne suis pas
Le dindon de la farce
Marre d’avaler des couleuvres
Je tourne au vinaigre
J’en ai gros sur la patate
Ras le bol d’en manquer
Ça va chauffer
Sentir le roussi
Les couteaux sont tirés
Ça va saigner
Messieurs du gratin
Hauts du panier
Coqs en pâte
Je veux casser la croûte !
Alain KEWES, né en 1958
Demeurant à Auxerre (89)
3eme prix « SOUPER du routier » attribué à Philippe MINOT pour « Agapes »
le merle becquette
la drupe pulpeuse pourpre
le gourmand l’absout
se pèle l’amande
élucidant sa blancheur
de lait inondée
parfums de cuisson
frissons âcres du fumé
l’appétit consume
saveur des nuées
marshmallows mâchés du rêve
flaveur du voilé
Philippe MINOT, né en 1965
Demeurant à Reims (51)
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