Né le 25 octobre 1872 à Corbigny et mort le 18 octobre 1934 à Paris, Maurice Étienne LEGRAND dit FRANC-NOHAIN est un journaliste, écrivain, poète, fabuliste et librettiste français. 
Il choisit le nom de « Nohain » en hommage à la rivière le Nohain, affluent de la Loire, traversant Donzy, lieu de ses vacances d’enfance.
Nivernais
> La revendication des canaux <
Les canaux ont dit : « Nous avons plein le dos, 
Nous avons plein le dos d’être des canaux latéraux. 
Oh !d’abord, sortir d’une source, 
Une source, avec de la mousse, 
Et des petites fleurettes autour, 
Et des bergers qui parleraient d’amour!… 
Mais de bergers, de bergères, bernique !… 
Nos Naïades et nos Tritons sont 
Des ingénieurs des Chaussées et des Ponts : 
Et nous sortons de l’Ecole Polytechnique.
On aggrave encore notre sort 
En nous affublant de noms à coucher dehors, 
De noms dénués de toute poésie : 
Nous ne prétendons pas qu’on nous dise Voulzie,  
Mais enfin était-il besoin 
De nous appeler les canaux de l’Ourcq ou du Loing!… 
Et les écluses, non, mais, les écluses !… 
Croyez-vous que ça nous amuse ? 
Tantôt en bas, tantôt en l’air, 
Montagnes sinistrement russes 
C’est à nous donner le mal de mer, 
Les écluses !… Ah ! Pouvoir parmi les prés 
Serpenter à notre gré, 
Faire des circuits, des zigzags, 
Avoir des tourbillons, des vagues, 
Déborder aussi quelquefois : 
Ah ! Ne plus marcher toujours droit ! 
Regrets superflus, plaintes vaines, 
Aujourd’hui, tout comme demain, 
Comme hier, comme après-demain, 
Et les jours des autres semaines, 
Nous suivons le même chemin 
Rectiligne, sans imprévu, toujours le même : 
Car nous sommes les mornes canaux, 
Aux rives monotones et tristes, 
Que des ingénieurs peu artistes 
Tracèrent, en s’appliquant, avec leurs niveaux 
Et nous berçons notre mélancolie 
Au rythme lent du pas des ânes et des mulets, 
Qui traînent les bateaux plats, pesants et laids, 
Chargés de charbon ou de poteries. »
