Régis LEFORT – Parrain du festival

Le message d’accueil du parrain de la 4ème édition du festival Nature en Livres

Être le parrain de la quatrième édition du festival Nature en Livres, dont le sous-titre Une écopoétique de villages envisage le lien qu’entretiennent les hommes avec la ruralité, l’écologie et la littérature, m’a permis d’interroger mon propre rapport avec ces éléments fondateurs.  C’est avec des thèmes aussi variés que « Plantes, corps et sport » que cette année 2024 propose ses différentes manifestations. Toutes thématiques qui me sont chères pour plusieurs raisons.

Le corps est au centre de tous mes recueils de poèmes (corps-monde, corps-souffrant, corps-écho, …) et plus généralement au centre de tout ce qui nous anime. Cette importance du corps et de sa façon de se mouvoir dans l’espace trouve quelque résonance dans mon histoire personnelle par le biais de la pratique du sport et de celle de la danse. Si celles-ci sont aujourd’hui un peu plus éloignées de mes préoccupations premières, il n’en reste pas moins que le sport m’a accompagné longtemps et ce, depuis mon adolescence, avec la pratique de l’aviron. Il faut dire que j’avais un modèle de taille, jamais égalé toutefois, mon grand-père maternel, plusieurs fois champion de France sur différentes embarcations (yoles de mer et bateaux de pointe). Mais plus remarquable, ce grand-père avait participé aux Jeux Olympiques, à Berlin, en 1936, dans l’épreuve du huit barré. Voilà de quoi être fier tout en restant humble.

Le dernier livre de Régis LEFORT

La danse, elle, connaît aujourd’hui un prolongement dans l’écriture. J’ai même écrit dans un de mes textes « Je n’écris pas, je danse. », signifiant par-là que le geste dansé est proche du geste écrit du poème. Notre présence au monde est d’abord un corps et nous le déployons parmi les êtres de la nature. Jusqu’à préserver celle-ci de nos manquements. C’est là où se rejoignent l’écopoétique, la ruralité et la vie des villages qui œuvrent pour une réhabilitation de Dame Nature. Et je me dois de mentionner ici mon lien particulier avec la Nièvre grâce à Dominique Sierra, la directrice des éditions La tête à l’envers, sises à Crux-la-ville, qui a publié deux de mes livres et s’apprête à en publier un troisième.

Par ailleurs, j’ai participé à la prise de conscience nécessaire de ce que recouvre la notion d’écopoétique, qui s’inscrit dans le pouvoir de la littérature et la manière dont les auteurs font parler le monde animal et végétal, en coordonnant un numéro de la revue jeunesse NVL centré sur cette thématique.

Restent les plantes, et ce serait mensonge de dire que je les connais parfaitement, moi qui fais autant la différence entre une feuille de chêne et la salade du même nom qu’entre un cèpe et une amanite phalloïde. Mais les plantes fascinent par leur pouvoir silencieux, et si je peine à les reconnaître dans leur milieu naturel, c’est en quelque sorte par le biais de leurs noms énigmatiques que je les fais miennes, par cette matière métamorphique et musicale purement langagière qui laisse place à l’imagination.

Pour toutes ces raisons rassemblées en quelques mots ici, c’est avec un grand plaisir, mon amicale pensée et mes encouragements que j’ai accepté, pour cette année 2024, d’être le parrain de Nature en Livres – Une écopoétique de villages qui doit beaucoup à l’énergie sans faille de Gertrude DODART. Je souhaite à chacun d’y trouver cette étincelle culturelle et communautaire qui fait la réussite d’un tel festival.

Régis LEFORT