Suite à de longues délibérations et l’intervention du jury du concours élargi, pour cette session à plusieurs auteurs, nous avons l’honneur de vous donner ici les résultats du concours auquel ont participé 41 candidats issus de toute la France, de pays francophones, de Colombie et d’ailleurs.
► 1er prix, URANIE : Ophélie PAROT, 27 ans, de Strasbourg (67100), pour « C’est un grand vide immense
1er prix, URANIE : « C’est un grand vide immense »
C’est un grand vide immense
qui t’amène vers nulle part
qui sait où te déposer
repoussant les vagues
une sorte d’harmonie mécanique
l’horizon se montrera demain matin
quand tu auras patienté douze heures
de noir
c’est court lorsque l’on a pas peur de ses propres ténèbres
on peut attendre longtemps
à fixer un point de vue indiscernable
il n’y a que l’aube
et ceux qui savent la nuit
qui sauront te dire où tu es
tu ne demandes pas car ici il faut faire confiance
ou croire
l’un ou l’autre te ramènent de la même façon à la terre
il y a le vent qui court à l’ouest et le froid qu’il dépose sur tes vêtements
tu restes là
tu te caches de la lumière et du bruit
car enfin ici le répit
que le jour à venir ne promet pas
si je voulais me tenir chaud j’irais me montrer aux autres
sur le grand vide il n’y a pas de son en trop
les pensées glissent la peau glissent la vue s’échappe
loin
juste en face
tu regardes une tâche qui est celle de la nuit et elle crée des formes
raconte des histoires
ceux qui marchent seuls comme moi sont happés par les vagues
tout autour
nos mots pour l’eau essaient de leur répondre
amas de forme tangible
conversant avec un amas de substance liquide
évaporés
dialogue
de rêverie
de soi
sans interruption
je ne partirais pas d’ici jusqu’à l’arrivée du nouveau jour
Je ne permettrais pas à l’océan noir de ne pas finir son histoire
j’ai été bercée toute une nuit
maintenant
je plonge
sur la terre sèche.
Ophélie PAROT, 27 ans – de Strasbourg (67100)
2eme prix, CLIO : « Fil du ciel »
fil du ciel
c’est une bobine
d’histoires
au fil
en aiguille
se déroule comme
botte de foin
d’espoir ravi
horizon funambule
en ciel pelote
petit à grand hasard
champ de colza
jaune étoile
dénoue le printemps
dehors pleuvra
probablement ici
pas assez là-bas
monde changerait
très minuscule
mais à l’infini évolue
le mieux au ciel
satellite du jour
est toujours
à venir
Michel CASTRE, 65 ans – de La Loupe (28240)
3eme prix, EUTERPE : « Ciel d’hier et d’aujourd’hui »
Ciel d’hier et d’aujourd’hui
Ciel de grisailles et de tourments
Ciel d’hiver et d’infini
Ciel de broussailles et de ferments
Une toile pour les cieux
Un voile pour les dieux
Et un décor pour tous
Nuage de passage
En balade ou sieste prolongée
Frise de barbe à papa
Bedonnante et ronflante
Nappe d’ombre verte fuyante et inconsolable
Transhumance de becs et de plumes
Tailler la flèche, tracer la feuille
Et le discours de bienvenue
Piaillements et trilles offerts
Couleur à se pavaner dans les vents
Mais aussi
Cicatrice au kérosène
Frontière des airs
La caravelle en partance pour l’éphémère
Zone érogène
Décalcomanie
Mer ciel
L’envers et l’endroit
Merveille
L’autre mer d’écume et d’écueil
Des vagues de moutons
Des mâts pour horizon
L’avenir dans les étoiles
Et celles de Constable
Cathédrale de vent
Au pinacle porté
Édifice d’éternité
L’écorce du monde
Débris d’univers
Ou sont les flancs du ciel
Vieux temps en cascade
Pétales d’eau sur
Des piliers de lumière
Des vitraux assoiffés d’arc en ciel
L’écharpe d’iris
Un tapis volant pour le paradis
Une ou mille et une nuits
Voir l’infini
David FINOT, 53 ans – de Besançon (25000)
Prix COUP DE CŒUR : les cinq participants de l’atelier d’écriture Parenthèse du Club santé séniors MGEN de Vannes (56000), conduit par Marylise LEROUX
Ciel d’hier et d’aujourd’hui
Ciel de grisailles et de tourments
Ciel d’hiver et d’infini
Ciel de broussailles et de ferments
Une toile pour les cieux
Un voile pour les dieux
Et un décor pour tous
Nuage de passage
En balade ou sieste prolongée
Frise de barbe à papa
Bedonnante et ronflante
Nappe d’ombre verte fuyante et inconsolable
Transhumance de becs et de plumes
Tailler la flèche, tracer la feuille
Et le discours de bienvenue
Piaillements et trilles offerts
Couleur à se pavaner dans les vents
Mais aussi
Cicatrice au kérosène
Frontière des airs
La caravelle en partance pour l’éphémère
Zone érogène
Décalcomanie
Mer ciel
L’envers et l’endroit
Merveille
L’autre mer d’écume et d’écueil
Des vagues de moutons
Des mâts pour horizon
L’avenir dans les étoiles
Et celles de Constable
Cathédrale de vent
Au pinacle porté
Édifice d’éternité
L’écorce du monde
Débris d’univers
Ou sont les flancs du ciel
Vieux temps en cascade
Pétales d’eau sur
Des piliers de lumière
Des vitraux assoiffés d’arc en ciel
L’écharpe d’iris
Un tapis volant pour le paradis
Une ou mille et une nuits
Voir l’infini
David FINOT, 53 ans – de Besançon (25000)
« ÉTOILES DE VIE »
La nuit est d’encre,
le spectacle peut commencer.
À l’instar de nos ancêtres les plus lointains,
je suis subjuguée par les Perséides qui zèbrent le ciel.
Aux « débris de comète » décrits pas les scientifiques,
je préfère « pluie d’étoiles filantes ».
Je me plais à rêver qu’elles filent
à la rencontre d’une lointaine planète
où écrire une nouvelle vie,
tout comme elles l’ont fait sur la nôtre,
il y a trois milliards et demie d’années,
donnant une chance à d’autres êtres
de vivre et de prospérer.
Porteuses
des briques moléculaires essentielles,
ces messagères venues de l’infini
ont ensemencé nos eaux
des éléments premiers
dont nous dérivons tous.
Une unité cellulaire originelle,
une interdépendance,
que nous oublions trop souvent.
On se doit de faire un voeu, paraît-il…
Ne serait-il pas déjà trop tard ?
Chantal PLAINE (1954)
« HANNETONS »
Du feuillage des marronniers
vous descendez jouer
avec les enfants
accroupis à vos pieds.
Petits chatouillis dans la paume,
vos pattes se collent à leurs mains.
Alors, bras tendus,
ils courent dans tous les sens
pour faciliter votre envol.
Ça y est ! Ça y est !
Il est parti ! Loin loin !
Où êtes vous,
petits hannetons des jardins ?
Avez-vous rejoint les étoiles ?
Est ce que tout là-haut
des mains d’enfants
se tendent vers vous
pour vous aider à vous envoler ?
Existe-t-il des arbres
pour vous héberger ?
Les mots nous manquent
pour vous dire :
revenez, revenez !
Nicole PRONNIER (1942)
« SILENCE »
Tout le jour
le soleil a agrandi
le petit lac
à la dimension du ciel
Une brume légère se lève
dans la fraîcheur du soir
Déjà les eaux frémissent
à l’appel de la nuit
Les hautes herbes ploient
sous les pattes des insectes
alanguis
La lune se lève à son tour
brillante et ronde
comme un oeil
Quelle étoile la suivra ?
Toi, petite luciole ?
Toi, petit ver luisant ?
Blanche BOURDIER (1937)
« VERS L ’INFINI ET AU-DELÀ »
– Il commence à faire nuit , il faut rentrer, on va se faire
attraper !
– Attendez ! C’ est pas déjà fini ! Tu fais quoi, Hélian ?
Les enfants tournent leurs yeux vers ce qui brille dans ceux
de leur camarade : neuf petites sphères plus ou moins proches
les unes des autres.
– La plus grosse, la jaune soleil , on dirait qu’elle illumine
les huit autres…
– Tu vois Saturne ? C’est ma préférée avec toutes ses lignes
à sa sur face.
– Et tous ces petits points lumineux… on dirait des étoiles…
– Oui , de magnifiques étoiles avec des planètes !
– Je ne vois pas Jupiter ! Il est passé où ?
La question reste suspendue dans l’air comme un satellite.
– Oh non ! Une attaque ! SOS, SOS ! Allo, fusée spatiale à
Houston, un escadron volant particulièrement agressif
s’approche de notre système solaire. Houston, répondez !
– Ne t’inquiète pas, mon Univers va pulvériser ces
envahisseurs en une seule tiquette !
– Non, moi , j’appelle mon Galaxie et d’une pichenette tout
explose. Je suis Galaxor , le roi du cosmos !
– Fais pas ton malin, Youri ! Laisse-moi jouer la première,
j’ai remporté le pot tout à l’heure, et j’ai récupéré tous les calots, donc j’ai le droit de commencer la part ie. Et puis je suis la seule à avoir une Ter re, donc c’est un signe : c’est les Terriens qui vont gagner !
Tous les joueurs ressortent leurs sacs de billes et se mettent à bombarder le petit système solaire qu’Hélian a mis en place pour épater le groupe, sur tout Soline qui est bel le comme un astre.
Tout est fichu maintenant , Hélian se sent un peu triste. Mais, au fond de lui , il sait qu’un jour il s’envolera vers l’infini et au-delà avec sa copilote. D’ici-là il trouvera bien la bille qui dégomme les moustiques.
Stéphanie CHOUKAIR (1973)
« À RALLONGE »
Je danse au vent levant, je valse, je valse jusqu’au couchant.
Ma plastique de brindille anorexique fait illusion.
Mimétique ou immobile, oh oh, j’ai le rythme dans la peau.
Frêle, sans un cri, je me transforme en ligne droite s’il le faut.
Il ne me manque qu’un rond sur la tête pour être un grand i
qui ne finira pas dans le gosier d’un gros appétit.
Mes métamorphoses sont innombrables,
je mue et trompe mon monde comme personne.
Dans la famille des insectes, c’est par trois qu’on s’épate :
trois, pas une paire de plus. Quatre serait une autre paire de manches
qui ne siérait pas à une discrète de mon espèce.
« Bâton du diable » pour les ignorants, je bouge en silence patte après patte.
Les curieux savent que je peux être scorpion, feuille, branche ou écorce,
parfois même papillon aux grandes ailes. (Le ciel et moi, on se comprend.
De temps en temps.)
Côté sentiments (c’est toujours tentant), mais de ce côté-là calme plat,
ce qui n’empêche pas la reproduction avec ou sans mâle compagnie.
Au plus fort de la nuit, j’expulse deux à trois pseudograines et c’est parti.
Mes poétiques ocelles riment avec ailes, belles, ciel, essentiels…
Essenciels ? Mais oui, mais oui ! Les ciels de nuit, c’est sacré !
L’obscurité, les étoiles qui brillent comme des lucioles dorées,
du cycle circadien sont mon moment préféré.
Le jour, je sieste sans bouger, dans le vivarium de l’école,
où une kyrielle de petits yeux écarquillés fixent les miens,
qui voient les leurs en pixels colorés tout éclatés.
Me voici libre et nue, après une dernière mue.
Désormais, je passe inaperçue sur le framboisier du potager
ou dans la cour où je suis née.
Il ne s’agit pas de m’emmêler les pinceaux avec mes béquilles articulées.
Petite déjà, face à nos ennemies jurées,
les voraces et minuscules fourmis, j’avais tout d’une grande.
À cette heure, j’ai l’air d’une bringue à rallonge,
seule dans mon enclos à me chauffer le dos.
Soudain,
sortie
de
terre,
j’aperçois
une
petite
bête
noire,
puis
une
autre,
une
autre,
une
autre…
Combien
sont-elles ?
Fourmis,
fourmis,
j’en perds
la tête
de mon i
à suivre
votre
course
infinie.
Vous avez vos admirateurs, sauvages frénétiques.
Le mathématicien Prüfer s’est fait des noeuds au cerveau
avant de modéliser vos itinéraires en formiques arborescences.
Le grand mordu en a même pondu un algorithme.
Moi, j’aime la tranquillité, infiniment et définitivement.
La lenteur a du bon et le silence vaut méditation, voire philosophie.
(Les hommes sont des fourmis, le savent-ils ?)
J’attendais ce moment : après l’hystérie collective, la cour s’est vidée
pour les grandes vacances. À moi la liberté, le calme, les nuits étoilées…
Croque-en-bouche chlorophyllés,
pestos de feuillées de rosiers, ronces, prunelliers,
tout me fera ventre jusqu’à la prochaine rentrée.
Sur terre ou dans les airs, bien malin qui m’attrapera…
Nul besoin d’algorithme pour savoir qu’il n’est pas né,
celui qui aura ma peau. Parole de phasme.
Élisabeth COUSIN (1954)
Bravo à toutes et tous.
En espérant satisfaire votre créativité et vous encourager à continuer à écrire par la suite.
Tous les poèmes gagnants sont publiés au fur et à mesure sur ce site, la remise des prix aura lieu pendant les vacances de la Toussaint, nous ne manquerons pas de vous inviter et de vous tenir au courant des avancées en termes de publication à venir.