8 POÈMES REÇUS POUR 6 PRIX :
1er prix, prix Orion : « Je suis du ciel »
Je suis du ciel
Oui, oui, il n’y a pas de doute !
Mon regard tourné vers les oiseaux
Mon sourire quand je les vois passer
Ou quand j’entends leur chant,
Les poèmes que je leur écris
Ma façon de leur parler en douce
De leur faire signe de s’approcher
Et de ne plus sentir mon corps
Dès qu’ils apparaissent…
Oui, je suis du ciel
Car leur douce insouciance m’éblouit
Car ils ne font jamais de mal
Car ils apprennent aux musiciens à trouver la note juste
Car ils ornent la première heure du jour
Qui, sans eux, ne donnerait pas de cœur aux hommes
Pour se lever encore
Et construire à leur tour le nid de leur amour.
Agnès MARIN – de Sucy-en-Brie (31 ans)
Née à Paris de parents comédiens, Agnès Marin a publié des romans humanistes qui rendent hommage à la femme et abordent les sujets délicats de la différence et de l’exclusion. Ses recueils de poésie chantent, dans une langue accessible et sensible, la beauté de la nature et des sentiments humains. Ex enseignante de russe, elle a consacré une pièce de théâtre à la poétesse Marina Tsvetaeva qui vient de paraître aux éditions Complicités.
2e prix, prix Andromède : « Le Goût de l’Azur »
Infiniment petites
Les particules de chance
De gravir les échelles élastiques
De saisir les secrets célestes
Sans céder aux forces magnétiques
Infiniment grand Pourtant
Le désir de cueillir les cordes
Les boucles et les nœuds
Et de broder l’univers
Le ciel nous invite
A une dégustation
Boire une goutte
De soupe cosmique
Grignoter une brindille d’azur
– Gaufrette cuite à point –
Offrir les miettes bleues
Aux oiseaux des cieux
Joue aux billes avec les astéroïdes
Saute à cloche-pied par-dessus
Les trous noirs
Vise toujours le ciel de la marelle
Tu pourras y semer les graines
Des aurores boréales
Dans la pulpe des nuages
Je pêche les poissons du temps
Et je t’attends
Marie-Gabrielle MAISTRE – de La Ravoire (48 ans)
3e prix, prix Pégase: « Dialogue soleil nuage »
Dialogue soleil nuage
danse du ciel
présence d’un soir au crépuscule du jour
écritures des cieux
d’un instant
avant que lune s’éveille
un soleil au soir
vibre d’or
soleil au soir
s’éclipse
la terre vient
nouvelle lune dans la nuit
des couleurs de nuit d’un fil se découvrent d’étoiles
nos cabanes sont ouvertes sur le ciel
nous sortons du tombeau
nous cueillons l’onde fraîche
le goût du jour
fleur d’équinoxe, éclat de printemps
nos silences sont un appui dans l’air
un javelot veut faire la course avec les nuages
un missile invisible lancé
vers le lointain des nos univers
vers le lointain de nos semis intérieurs
j’entre par le chemin de l’air
je chante, le vent, le pic-vert
je danse la douceur du jour naissant
je danse dans la boucle, dans les cheveux des arbres
Il fait vent aujourd’hui
le soleil est doux
il fait vert
à présent
Séverine LANGLOIS – de Vichy (47 ans)
Prix Coup de cœur : « Infini minuscule »
L’enfant pointe du doigt
Le petit point au ciel
Quand la nuit est tombée
Il demande à son père
Si chacun de ces points
Est vraiment une étoile
Elles semblent petites
À peine minuscules
Sur la pulpe du doigt
Chacune est un soleil
Lui enseigne son père
Les soleils de nos nuits
Et tout est gigantesque
Rien n’est plus grand sinon
Ton imagination
Peut-être que très loin
Caché dans l’infini
Un enfant nous regarde
Et se demande aussi
Si nous sommes petits
Tellement il est grand
Hubert CAMUS – de Paris (30 ans)
Prix Spécial du Jury : « Il n’y a pas de traces de moi dans le ciel »
Il n’y a pas de traces de moi dans le ciel
Il n’y a pas de rues qui portent mon nom
Je ne suis pas la moitié d’un homme debout
Je m’assois par terre même quand il y a des chaises
Quand je bois beaucoup je deviens très saoul
J’ai du mal à m’excuser
Pour ce que j’ai fait
Il n’y a pas de livres qui parlent de moi
Je n’ai jamais dit à Dimitri : c’est moi qui ai cassé le miroir de ta salle de bain
Je n’ai jamais osé dire à Frank : merde, je suis pas taxi
Je ne suis pas le tiers d’un homme en marche
Je ne suis pas le quart d’un homme qui sait où il va
Il n’y a pas de traces de moi dans le ciel
Sur le platane dans la cour de l’école ce n’est pas mon nom qui est gravé
C’est le sien
À côté du sien
Je n’ai jamais dit à Ben : c’est moi qui ai perdu la montre de grand-père
Je n’ai jamais osé dire à Fanny que je m’en tapais de ses problèmes de poids
Il n’y aura pas mon visage dans les livres d’histoire
Dans les toilettes du lycée c’était encore son nom
À côté du sien et pas le mien
Dans le ciel il n’y a pas de traces de moi
Mais je m’en fous
Je laisse le ciel aux grands
Je choisis la terre
Il n’y aura jamais de statues de moi dans les parcs
Je n’aurai jamais de page Wikipedia
Je ne vaux probablement pas le dixième d’un homme endormi
Il n’y a pas de traces de moi dans le ciel
Mais quand j’aime
J’aime
Noé BEZBORODKO – de Séchilienne (31 ans)
Prix Jean-Pierre LUMINET : « L’infini de la nuit / Dans l’infini du ciel… »
L’infini de la nuit
Dans l’infini du ciel
Pour te faire une peau
Et le regard perdu
Façonnant l’univers
L’infini du regard
Dans le bleu infini
Et cherchant dans le cercle
Le pré des asphodèles
Où se perd la vision
Jamais fini poème
Dans l’infini du temps
Pour aller de l’oubli
Et du miroir aveugle
Jusqu’au soleil extrême
Lorsque s’éteint le ciel
Sous la lumière atone
D’une nuit dénudée
De rayons vert et bleu
L’horizon se couche
Derrière ton regard
Un monde sans couleur
Qu’attendre hors les murs
Sinon la transparence
Enfouie à l’éphémère
Accroche ton désir
De ciel à l’infini
S’il n’est de bleu réel
Érafle sa matière
Et invente l’oubli
Où l’infini de l’œil
Absorbe la couleur
Pour naître du regard
De la louve des sables
Qui veille sur ta nuit
Régis LEFORT – de Marseille (61 ans)