Né à Château-Chinon le 19 novembre 1820, Jacques-Michel-Edmond BOGROS, dit Edmond BOGROS, est mort à Paris le 25 mars 1888.
Docteur en médecine français, écrivain régionaliste, poète, il a aussi été quelques mois maire de sa ville natale.
Nivernais
> Poème « Le soir dans la forêt », Bulletin de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts. <
Le soir dans la forêt.
Le soleil fatigué, rapidement s’incline
Vers son lit pavoisé de banderoles d’or
L’ombre monte à pas lents au flanc de la colline
Le silence descend et la terre s’endort
Et du jour pâlissant la lumière indécise
Ne perçant qu’à demi l’obscurité des bois,
La forêt est alors sombre comme une église où l’on peut et rêver et prier à la fois.
Les grands chênes pareils aux colonnes gothiques, semblent, sans se courber, porter le firmament Et sous leurs verts rameaux, gigantesques portiques habitent le mystère et le recueillement.
Comme un orgue touché par un ange en prière, le rossignol commence un hymne harmonieux Chant de joie et d’amour que la forêt entière, Le disant à l’écho, fait monter vers les cieux. Du soir la blanche étoile à l’horizon s’allume Et tremble suspendue à la voûte du ciel,
Lampe d’or qui depuis des siècles se consume Et veille sans pâlir dans ce temple éternel.
Le muguet argenté que la brise balance, Pour parfumer la nuit ouvre son encensoir, Et la sérénité, compagne du silence, S’abaisse sur mon front nouveau de la paix du soir.
> Poème « Les deux tilleuls. » <
Oui ce sol est stérile où le soleil à peine
A nos monts désolés donne un regard d’amour,
Et pourtant tous les ans, quand l’automne m’emmène, j’ai des pleurs au départ, du bonheur au retour.
Là mon printemps si doux me garde des vestiges
Le temps a respecté les fidèles abris
Où des fleurs d’autrefois je recueille les tiges
Où du bonheur passé je retrouve un débris
Salut, je vous revois, grands arbres centenaires,
De nos vieilles forêts monarques éternels,
Qui vites tour à tour les enfants et les pères
Passer comme des flots sous vos fronts immortels.
Comme je vous quittai je vous retrouve encore
Le temps n’a pas flétri vos rameaux toujours verts,
Le Ciel vous a gardé ses rayons à l’aurore
La brise son murmure et l’oiseau ses concerts.
Sur le gazon fleuri je retrouve la place
Où déjà tout rêveur j’aimais souvent m asseoir
Pour suivre dans son vol le nuage qui passait
Pour entendre le vent dans vos rameaux, le soir.
Rien n’est changé, voici cette image grossière
De la Vierge d’argile aux brillantes couleurs, je l’invoquai tant de fois ma naïve prière.