Répertoire littéraire liés à Arbres et Foresterie
- Yann ARTHUS-BERTRAND : «…rares sont ceux capables de voir la forêt derrière les arbres. Nombre d’entre nous n’envisagent la forêts que comme une source de matériaux et d’énergie, de nourriture et de surfaces à défricher et à cultiver… La moitié des forêts ont disparu, remplacées par des villes et des villages, des cultures et des pâturages ou des friches…(Des Forêts et des hommes, 2011)
- Jeanne BURGART GOUTAL : « Leur idée du changement personnel n’a rien donc à voir avec celle des « petits gestes quotidiens », qui voudrait faire croire qu’il suffit de fermer le robinet, d’éteindre la lumière et de trier ses déchets pour résoudre la crise écologique – à leurs yeux, une supercherie du libéralisme repeint en vert. Non, ce qu’elles cherchent à provoquer, c’est cette fameuse mutation holistique, ce « changement de paradigme » intérieur et extérieur. » (Etre écoféministe, théories et pratiques, 2020)
- Yves BONNEFOY : « Vous qui vous êtes effacés sur son passage, Qui avez refermé sur elle vos chemins, Impassibles garants que / Douve même morte / Sera lumière encore n’étant rien.
Vous fibreuse matière et densité, / Arbres, proches de moi quand elle s’est jetée / Dans la barque des morts et la bouche serrée / Sur l’obole de faim, de froid et de silence. » (Aux Arbres – L’Inachevable 2010) - François René de CHATEAUBRIAND : « Il y avait, je ne sais quelle mystérieuse harmonie entre cette sagesse des temps, ces vers rongés de mousse, ce vieux Solitaire qui les avait gravés, et ces vieux chênes qui lui servaient de livre. » (Atala, 1801)
- Alain CORBIN : « La contemplation d’arbres jamais abattus, perçus comme des monuments organiques, crée une forme d’ivresse. Cette végétation inattendue, l’expérience nouvelle de l’impénétrable, le sentiment d’inamicalité éprouvés face à des arbres étrangers à l’homme suscitent alors des émotions contradictoires. En effet, à cette impression d’inamicalité se mêle celle de l’apothéose de l’énergie vitale et de son triomphe final. » (La Douceur de l’ombre, 2013)
- Gaspard D’ALLENS : « La forêt est là, avec ses couleurs chatoyantes, sa vie palpite et foisonne, mais nous ne savons plus la lire. Nous sommes devenus analphabètes. Qui sait encore reconnaître un érable sycomore, un tremble, un alisier torminal ? Qui sait comment la forêt pousse ? Qui maîtrise son cycle et ses équilibres ? » (Main basse sur nos forêts, 2019)
- Christian BOBIN : « Malheur à moi qui ne sait pas écrire de la musique.
J’aurais aimé recopier les taches noires des moucherons sur le papier de l’air, j’aurais aimé faire ce sage travail de copiste, qu’ensuite des cordes, des cuivres, des alouettes de voix chantent et magnifient la cantate du bois plein d’ombres, et l’aigle du soleil planant dans ton rire, dans tes yeux, dans ton âme. » (Un Bruit de balançoire, 2018) - Sandrine COLLETTE : « Un territoire à part, colossal, charnu d’arbres centenaires, de chemins qui s’effaçaient chaque saison sous la force de la nature. Un territoire maléfique, disaient certains qui ne savaient plus pourquoi, mais c’était un réflexe, chaque fois qu’un malheur s’abattait par ici, les vieilles et les vieux se tordaient les mains en hochant la tête : ce sont les Forêts. » (Et toujours les forêts, 2020)
- Alix COSQUER : « Des scènes de nature, comme le vent dans un feuillage ou les nuages passant dans le ciel, par la fascination douce qu’elles suscitent, offrent du repos à l’esprit par une attention sans effort, ce qui restaure les fonctions cognitives. De telles immersions aident aussi au développement de nouvelles compétences. Passer du temps dans la nature stimule la créativité, le sens critique et la capacité à résoudre des problèmes. » (La Sylvothérapie, 2021)
- Régine DETAMBEL : « La rencontre avec la fiction régénère, nous arrache à nos souffrances et ouvre des fenêtres dont nous ne soupçonnions même pas l’existence. Le roman, donc, et ses labyrinthes plutôt que l’essai et ses lignes droites. La pluralité des sens plutôt que la formule conceptuelle ou le conseil de vie. » (Les Livres prennent soin de nous, 2015)
- Paul GADENNE : « Autour de cet espace silencieux, le ciel fourmillait de présences. Il n’y avait de vie et de mouvement qu’en lui, car la terre semblait avoir cessé de respirer et le torrent, à demi figé, ne faisait plus qu’un bruit menu au fond de la nuit. Le paysage était calme, cruel, étranger à tout. Mais, à sa surface, une clarté insolite était répandue. La lune, jaune, dilatée, parvenue à son éclosion suprême, régnait sur toute la pureté de l’hiver et doublait de sa lueur satinée la blancheur qui émanait du sol. Du côté d’Orcières, la grande muraille érigeait contre la nuit, à une hauteur inattendue, ses parois luisantes sur lesquelles la lune s’appuyait sourdement… » (Siloé, 1941)
- Édouard GLISSANT : « Tes feuilles le relent des désirs des fenaisons aveugles des bras de mer /Tes feuilles de plaie du Moyen Âge dans le souvenir de mes splendeurs. /Tes branches d’épaules de femme labourée sur la soif des herbes coupantes. / Arbre recommencé ton corps j’ai détaché de ton corps la carapace de mes clartés /Ton tronc d’épailles renouvelées./ Ton tronc de lumière dans le champ noir des fleuris-nuit /Ton tronc de racine qui a pris tronc et la merveille le lit de l’escargot roulant. /Ta gerbe tes racines le feu glacé de tes racines et les masses d’hommes agrippés aux mamelles de tes douleurs. / La souffrance comme un hiver aux sources des profondeurs. » (Le sel noir, 1983)
- Julien GRACQ : «… je marche dans une forêt du pays du Matin Calme. De temps en temps, une pomme de pin, à quelques mètres devant moi, percute le tapis d’aiguilles avec un choc mat : peu de promeneurs y prêteraient attention, mais dix ans de familiarité avec la pinède me font dresser l’oreille : une pomme de pin en sève ne choit pas d’elle-même, une pomme de pin sèche n’a pas cet impact alourdi. Je ramasse la pomme, et je distingue à la base l’éraflure fraîche des incisives aiguës. » (Carnets du grand chemin, 1920)
- Francis HALLÉ : «Pour ma part, le plus précieux des caractères de l’arbre est sa totale « altérité », ce mot étant pris dans le sens de « différent de l’Homme et ne lui devant rien ». L’altérité des arbres me rassure, dans un monde profondément marqué par les activités humaines au point qu’il en devient inquiétant. » (Plaidoyer pour l’arbre, 2005)
- Robert POGUE-HARRISON : « De l’arbre généalogique à l’arbre de la connaissance, de l’arbre de vie à l’arbre de la mémoire, les forêts ont constitué un fonds symbolique indispensable dans l’évolution culturelle de l’humanité, et l’essor de la pensée scientifique moderne reste impensable en dehors de la préhistoire de ces emprunts métaphoriques. Il n’est pas jusqu’au concept du cercle qui ne vienne, dit-on, des anneaux concentriques internes qui apparaissent à l’abattage des arbres. » (Forêts, 1994)
- Victor HUGO : « … Il voulut tout revoir, l’étang près de la source, / La masure où l’aumône avait vidé leur bourse, / Le vieux frêne plié, / Les retraites d’amour au fond des bois perdues, L’arbre où dans les baisers leurs âmes confondues / Avaient tout oublié !
Il chercha le jardin, la maison isolée, / La grille d’où l’œil plonge en une oblique allée, / Les vergers en talus. / Pâle, il marchait. — Au bruit de son pas grave et sombre, / Il voyait à chaque arbre, hélas ! se dresser l’ombre / Des jours qui ne sont plus !… » (Tristesse d’Olympio, poème issus du livre Les Rayons et les ombres). - Philippe JACCOTTET : « Peu à peu j’entrevois une vérité: les couleurs, dans ce bosquet, ne sont ni l’enveloppe, ni la parure des choses, elles en émanent ainsi qu’un rayonnement, elles sont une façon plus lente et plus froide qu’auraient les choses de brûler, de passer, de changer. » (Paysages avec figures absentes, 1998)
- Catherine LENNE : « Un logiciel de traitement d’images trace ensuite une courbe reproduisant l’alternance de ces zones de densité différente et identifiant ainsi facilement les limites des cernes. ces techniques ont permis de mesurer l’âge d’arbres incroyablement vieux malgré leur petite taille, comme le pin des montagnes Rocheuses américaines à la croissance très lente, estimés comme étant les plus vieux de la planète, encore vivants à 4900 ans. » (Dans la peau d’un arbre, 2021)
- Karine MARSILLY : « Nous sommes en quelque sorte des généralistes de l’arbre. Nous grimpons à chaque extrémité des arbres pour pouvoir amener le meilleur de leur évolution et les garder en bonne santé. C’est un métier passion, qui exige de la rigueur, des efforts physiques. On en apprend tous les jours et c’est un boulot qui nous rend humble par rapport à notre condition humaine. » – Entretien sur Terrafemina 15/04/2021 (Ma Vie avec les arbres, 2021)
- NOVALIS : « Les fleurs, les arbres, tout poussait avec force, tout verdissait avec vigueur. Il semblait que tout avait reçu une âme. Tout parlait, tout chantait. » (Heinrich von Ofterdingen, 1802)
- Saint-John PERSE : « Ah ! qu’une élite aussi se lève, de très grands arbres sur la terre, comme tribu de grandes âmes et qui nous tiennent en leur conseil…Et la sévérité du soir descende, avec l’aveu de sa douceur, sur les chemins de pierre brûlante éclairés de lavande… // Finalement alors, à la plus haute tige engluée d’ambre, de la plus haute feuille mi-déliée sur son onglet d’ivoire // Et nos actes s’éloignent dans leurs vergers d’éclairs… » (Chronique – 8 Grand âge…, 1960)
- Jorn de PRECY : « Un lieu où se retirer du monde pour se consacrer à la méditation, à l’art, à la consolatio philosophiae. C’est à la lumière de ces réflexions que, encore aujourd’hui, je choisis en pépinière les arbres destinés à Greystone (ndlr : son jardin sauvage). Ainsi je n’ai pu m’empêcher de planter quelques chênes verts et même un ou deux cyprès, bien abrités des vents du nord, à côté de la maison. Lorsque je passe près d’eux, je repense à mes heures de solitude heureuse dans les jardins d’Italie de ma jeunesse. Des bouleaux rappellent l’île de mes origines où je n’ai pas remis les pieds depuis plus de cinquante ans. » (Le Jardin perdu, 1912 – livre sorti en 2011, écrit par Marco MARTELLA)
- Hubert REEVES : « Nous ne sommes qu’une espèce parmi d’autres, et, face aux disparitions dont nous sommes responsables, nous mériterions vraiment le qualificatif d’espèce nuisible à l’harmonie et à la préservation de la biodiversité. » (Mal de Terre – écrit avec Frédéric Lenoir, 2005)
- Sylvain TESSON : « Je lui déroulais ma théorie des saisons : jusqu’à l’automne, les forêts étaient des masses indistinctes où l’œil aurait été en peine de distinguer un arbre de son voisin. Soudain l’automne arrivait, allumais ses flammèches. Tel arbre au cycle plus court s’embrasait. Ici ou là dans le couvert, des touches de feu s’individualisaient. Un arbre devenait un être distinct puis il s’éteignait pour l’hiver. » (Sur les chemins noirs, 2016)
- Laurent TILLON : « Quercus a trente ans…Sa forme se met progressivement en place. Les racines continuent leur croissance. Selon l’essence, elles s’étendent sous la surface, alors que d’autres privilégient la profondeur pour capter l’eau de la nappe phréatique. Leur structure suit un modèle assez proche de celui du tronc, au détail près qu’elles peuvent ralentir leur croissance en fonction des obstacles qu’elles rencontrent… L’arbre s’élève toujours vers le ciel. Sa croissance s’arrêtera lorsqu’il ne pourra plus conduire l’eau chargée de nutriments vers les brindilles de la canopée. » (Être un chêne, 2021)
- Paul VALERY : « AMOUR n’est rien qu’il ne croisse à l’extrême : / Croître est sa loi ; il meurt d’être le même, / Et meurt en qui ne meure point d’amour. / Vivant de soif toujours inassouvie, / Arbre dans l’âme aux racines de chair / Qui vit de vivre au plus vif de la vie / Il vit de tout, du doux et de l’amer / Et du cruel, encor mieux que du tendre. / Grand Arbre Amour, qui ne cesses d’étendre / Dans ma faiblesse une étrange vigueur, / Mille moments que se garde le cœur / Te sont feuillage et flèches de lumière ! / Mais cependant qu’au soleil du bonheur / Dans l’or du jour s’épanouit ta joie, / Ta même soif, qui gagne en profondeur, / Puise dans l’ombre, à la source des pleurs… » (Dialogue de l’arbre, 1943)
- Peter WOHLLEBEN : « Il existe tout de même des études in situ sur les arbres, notamment en matière d’accès à l’eau ; outre une modification de comportement, elles ont mis en lumière un autre phénomène extraordinaire : en cas de soif intense, les arbres commencent à crier. Cependant vous n’entendrez rien, car ces cris sont des ultrasons que l’oreille humaine ne perçoit pas. » (La Vie secrète des arbres, 2017)
- Ernst ZÜRCHER : « Le cas du tilleul nous permet de constater qu’en plus de diffuser une odeur autour de soi, l’arbre possède une odeur intérieure – le parfum du bois » (Les Arbres entre visible et invisible, 2021)
Pour approfondir gracieusement vos connaissances poétiques sur les arbres et la poésie en générale, allez sur ces deux sites très fournis : ELOGE DE L’ARBRE et WIKIPOEMES.