Né en 1837 et décédé en 1916, Jorn de PRECY est un jardinier-philosophe anglais d’origine islandaise qui a influencé en profondeur l’art des jardins anglo-saxons du XXe siècle.
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> Extrait de « Le jardin perdu » <
Le temps du jardin est donc celui de la vie. Il ne nous pousse pas vers l’avant, comme le temps mécanique qui régit désormais nos vies, car un vrai lieu nous enracine toujours dans le temps présent. Maintenant et ici. Pas de buts à atteindre, pas d’objectifs à remplir, car la vie n’a qu’une fin : elle-même. Et la beauté aussi, qui naît constamment du processus de la vie.
A l’inverse du système capitaliste, qui a besoin d’une croissance constante pour survivre et qui demande des efforts sans fin aux hommes qui le subissent, le monde naturel croit spontanément et se suffit à lui-même dans un présent éternel, lent et doux.
C’est là la leçon du monde végétal. Retrouver cette vie, la vraie, et ce temps de la nature qui est aussi notre vrai temps, celui qui connaît notre corps animal – voilà ce qui nous pousse à ouvrir le portail d’un enclos de verdure et à y entrer, chaque fois, comme si on pénétrait dans un monde à part.
C’est cela, le don du jardin., dit-on, des anneaux concentriques internes qui apparaissent à l’abattage des arbres.