Jean-Luc PORQUET

Né le 11 juin 1954, Jean-Luc Porquet est un journaliste français.

Depuis le milieu des années 1990, il travaille à la rédaction du Canard enchaîné, où il tient une rubrique intitulée « Plouf ! » qui traite de sujets écologiques, sociaux, humains, ou encore altermondialistes.

> Extrait du « Grand Procès des animaux » (éditions du Faubourg) <

« Le sanglier : Depuis la nuit des temps l’homme se passionne pour mon humble personne. Ma puissance. »….

… « Je suis celui qu’on aime chasser, car le plus intelligent, le plus méfiant des gibiers, le plus farouche et le plus endurant. Vos chasseurs savent que, grâce à la finesse de mon odorat, je les repère à 300 mètres. Ils savent que mon ouïe la plus subtile qui soit, me permet d’entendre se briser au loin une brindille. Ils savent que, pourchassé par une meute de chiens, je peux galoper sans faiblir des dizaines de kilomètres. Ils savent que ma peau, une vraie cuirasse, peut dépasser des trois centimètres d’épaisseur, et que pour m’abattre, il leur faut bien viser.

Le président : Reconnaissez qu’en apprenant ainsi à connaître vos mœurs, ils cherchent à vous comprendre. Et comprendre, c’est déjà aimer …

Le sanglier : Pour nous pister, ils cherchent nos coulées, ces chemins que nous empruntons de génération en génération, que nous avons tracés au milieu de la végétation, et dégagés de branches afin que nos déplacement soient le plus silencieux possible. Ils cherchent nos bauges, ces bassins peu profonds que nous creusons à même le sol, au plus épais d’un fourré, au cœur d’un roncier inextricable, où nous nous installons, seuls ou en compagnie, pour passer le jour au sec et au calme. Ils savent que c’est seulement à la tombée de la nuit que nous partons en maraude, fouissant le sol pour vermiller et muloter, c’est-à-dire y trouver notre pitance, glands, faines, racines et tubercules, mais aussi lombrics, larves, escargots et mulots »…

« Qui donc installe partout dans les forêts des distributeurs de maïs ? C’est vous ! Vous nous nourrissez pour nous garder sous le main. Pour remplir vos congélateurs. Vos fédérations essaient d’attirer de nouveaux membres en leur promettant de beaux tableaux de chasse et un beau tableau, c’est forcément un tableau plein de sangliers ! Pour vous je suis un business. Chaque année, dans ce pays, c’est près d’un million des nôtres que vous tuez. A l’affût, en chasse à courre, en battue, et même à l’arc, ce qui est du dernier chic…Il vous en faut des équipements ! »