GILGAMESH (Mésopotamie)

Personnage héroïque de la Mésopotamie antique, GILGAMESH est un fils de la déesse Ninsun. Roi de la cité d’Uruk où il aurait régné vers 2650 av. J.-C.

Il est le personnage principal de plusieurs récits épiques qui a rencontré un grand succès durant la haute Antiquité.

Le Déluge (texte sumérien, 17ème siècle avant JC)


Au septième jour la construction du bateau était terminée.
Je portai dans le bateau tout l’or et l’argent que je possédais, je fis monter toute ma famille et mes parents, toutes les bêtes domestiques et les animaux de la plaine. Je fis monter aussi tous les artisans. Shamash, le dieu-soleil, m’avait fixé le moment précis et m’avait dit :  » Lorsque le soir qui tient les tempêtes fera tomber la pluie du malheur, entre dans ton bateau et ferme la porte ! « 
Le jour venu, je regardai le ciel. Il était sombre et terrifiant. J’entrai alors dans le bateau et je fermai la porte. Aux premières lueurs de l’aurore, un nuage noir monta des profondeurs du ciel, au-dessus de l’horizon lointain. A l’intérieur du nuage, le dieu Adad, dieu des orages et de la pluie, tonnait et devant lui marchaient ses messagers.
Le déluge mugissait comme un taureau furieux, les vents hurlaient comme les braiments d’un âne. Le soleil avait disparu, les ténèbres étaient totales. Certains dieux, eux-mêmes terrifiés, fuyaient, rampant le long des murs comme des chiens.
Les nuages s’avançaient en menaçant à travers les montagnes et les plaines. Nergal, le dieu de la peste et de la guerre, arracha les piliers du monde. Ninourta, le dieu chasseur et guerrier, fit éclater les barrages du ciel. Les dieux du monde d’en bas, les dieux Anounnaki, enflammèrent la terre tout entière. Les tonnerres du dieu Adad montèrent au plus haut des cieux et transformèrent toute la lumière en ténèbres opaques. La terre immense se brisa comme une jarre. Les tempêtes du sud se déchaînèrent un jour entier. Les flots couvrirent même le sommet des montagnes. Tous les hommes furent massacrés.
Les tempêtes du Déluge soufflèrent pendant six jours et sept nuits. Le septième jour, l’armée des vents du sud qui avait tout massacré sur son passage, s’apaisa enfin. La mer se calma. La clameur du déluge se tut.
Je regardais le ciel. Un grand silence régnait sur le monde. Je vis que les hommes étaient redevenus de l’argile. Les eaux lisses formaient un toit sur la terre invisible. J’ouvris une petite fenêtre. La lumière inonda mon visage. Je tombai à genou et me mis à pleurer. Au loin, vers l’horizon, j’aperçus une bande de terre. Le bateau accosta au pied du mont Niçir. Je restai là pendant six jours entiers.
Lorsqu’arriva le septième jour, je lâchai une colombe. Elle prit son envol et, comme elle ne trouva où se poser, elle revint au bateau. Je lâchai une hirondelle. Elle prit son envol et, comme elle ne trouva où se poser, elle revint au bateau. Puis je lâchai un corbeau. L’oiseau prit son envol. Il vit que les eaux s’étaient retirées. Il trouva de la nourriture, se posa sur la terre et ne revint plus. Alors je lâchai aux quatre vents tout ce que le bateau avait sauvé des eaux du Déluge puis j’offris un sacrifice aux dieux.