Denis RICHARD et Pierre-Olivier MAQUART

Denis Richard
Copyright Journal La Vie

Denis RICHARD est chef de service à l’hôpital Henri Laborit (Poitiers) et enseignant universitaire. Il s’intéresse depuis toujours à la pharmacologie et à la toxicologie. Exerçant comme journaliste scientifique, il s’est vu remettre en 2003 et 2007 le Grand Prix Editorial du Syndicat National de la Presse Médicale.

Pierre-Olivier MAQUART
Copyright Institut Pasteur

Pierre-Olivier MAQUART est entomologiste à l’institut Pasteur du Cambodge qui se consacre principalement également à l’étude des Coléoptères, il est tout autant chercheur en laboratoire que baroudeur de terrain.

Ils sont publiés plusieurs livres à propos des insectes dont ces deux-ci …

> Extrait de « Il faut sauver nos insectes » <

« Représentant plus de 70 % de la biodiversité animale connue, les insectes dominent les écosystèmes terrestres par le nombre d’individus, par celui de leurs espèces et par leur biomasse : ils occupent donc une place prééminente dans l’environnement. Toutefois, les insectes ne font pas exception à la crise affectant la biodiversité. Des études concordantes révèlent un phénomène dramatique. Elles constatent que leurs populations s’effondrent dans de nombreuses régions, particulièrement en Europe et en Amérique du Nord. Ce déclin en nombre s’associe à une perte en diversité importante mais hétérogène : les espèces généralistes,  Depuis les années 1940,les pratiques récurrentes d’une majorité d’agriculteurs, associant usage massif d’engrais azotés, d’herbicides et d’insecticides, empoisonnent durablement les écosystèmes terrestres et aquatiques. Elles constituent l’une des causes essentielles du déclin des insectes, tant en nombre d’individus qu’en diversité d’espèces.

Les espèces généralistes peu exigeantes sur le plan écologique, semblent pour le moment, moins en péril que les espèces spécialisées, propres à des habitats particuliers et soumises à plus de contraintes environnementales. Ces dernières se raréfient et disparaissent de leurs derniers refuges tandis que les premières, jadis abondantes, voient désormais leurs populations décroître jusqu’à devenir littéralement imperceptibles dans des territoires aux paysages uniformisés et aseptisés par l’agriculture et la sylviculture intensives ou encore l’urbanisation galopante. À l’image de celui de la biodiversité dans son ensemble, le déclin des insectes a donc pour origine l’action de l’Homme : artificialisation des milieux, fragmentation des habitats, épandages de produits chimiques en constituent les causes principales. »

Edition de la Chaux et Niestle, 2020

> Extrait de « L’adieu aux insectes » <

« – L’accumulation dans les milieux natures de dérivés azotés d’origine industrielle et agricole (engrais, lisiers) modifie, à distance et sur de vastes étendues, la composition chimique des sols. Elle retentit ainsi sur les communautés végétales qui y vivent.

– Les plantes généralistes supportant ou recherchant l’azote (végétaux nitrophiles) prolifèrent. Elles l’emportent sur celles qui sont associées aux milieux pauvres , plus spécialisées. Ces dernières se raréfient ou disparaissent, et avec elles le cortège d’insectes qui leur est associé.

– L’excès d’azote affecte ainsi indirectement mais puissamment les populations de nombreuses espèces de papillons, pollinisateurs, criquets et autres insectes, tous étroitement liés aux végétaux de milieux pauvres.

– Par ailleurs, l’imprégnation des végétaux en azote retentit sur leur composition chimique et, de de fait, sur leur attractivité et sur leurs qualités nourricières, avec là aussi des conséquences négatives sur la biodiversité entomologique. »

Edition Ulmer, 2020