OVIDE

Né en 43 av. J.-C. à Sulmone dans le centre de l’Italie et mort (en exil) à Tomis (Roumanie) en 18 ap. J.-C, OVIDE, en latin Publius Ovidius NASO, est un poète qui vécut durant la période de la naissance de l’Empire romain. Ses œuvres les plus connues sont L’Art d’aimer et les Métamorphoses.

Les Métamorphoses

II Les chaos se développent et les éléments sont rangés chacun à sa place

…Le lieu le plus bas où l’arrêta sa pesanteur. L’onde fluide s’étendant autour, et la pressant de toutes parts, occupa la dernière place.

Après avoir débrouillé ce Chaos et l’avoir ainsi divisé, quel que soit celui des Dieux à

qui nous devons cet arrangement, il façonna d’abord la terre et lui donna la forme d’un globe pour qu’elle fût égale dans toute sa surface. Ensuite il répandit les mers sur elle, et leur ouvrit un lit dans son sein.
Le souffle impétueux des vents eut ordre de les agiter et de les entier ; mais il défendit aux vagues de passer les rivages qui les bornent de tous côtés. Il y ajouta des fontaines, des étangs et des lacs, et il resserra les fleuves rapides entre des rives tortueuses; placés en divers lieux, les uns vont se perdre sous la terre, les autres parviennent jusqu’à la mer, et reçus dans son lit vaste et profond, coulant avec plus de liberté, n’ont plus d’autres bords à presser que les siens.
Les plaines s’étendirent à sa voix , les vallées s’abaissèrent, les arbres et les forêts se couvrirent de feuilles, les rochers et les montagnes s’élevèrent…

X. Description du Déluge.

… Aussitôt il enferme dans les antres d’Éole l’Aquilon et les autres vents dont le souffle écarte les nuages ; il ne laisse en liberté que celui du midi. Ce vent s’élève sur ses ailes humides ; l’obscurité qui l’environne se répand partout autour de lui.
Sa barbe est chargée de brouillards; l’onde coule le long de ses cheveux blancs; les nuées épaisses sont assises sur son front; des torrents tombent de son sein et de ses ailes. Il ramasse les nues suspendues au loin, et les presse entre ses mains. Soudain un horrible fracas se fait entendre; des pluies affreuses descendent du ciel avec impétuosité.
La messagère de Junon, vêtue de plusieurs couleurs différentes, Iris, puise des eaux dans la mer dont elle va grossir les nuages. Les moissons sont renversées, l’espérance du laboureur est détruite, et le travail pénible d’une année tombe et périt en un instant.

Le courroux de Jupiter n’est point encore satisfait des armes que lui fournit le ciel : son frère Neptune y joint le secours de ses ondes. Il assemble tous les fleuves, et lors qu’ils sont entrés dans son palais: « De longs discours seraient inutiles, leur dit – il; déployez toutes vos forces, ouvrez toutes vos sources, reculez les bornes de vos rivages et laissez un cours libre à vos eaux. » Il ordonne : les fleuves partent, ils brisent les digues qui les retiennent, et roulent dans les mers impétueusement et sans ordre. Neptune frappe la terre de son trident ; elle s’ébranle et présente de nouveaux passages aux eaux. Les fleuves, sortis de leurs bords, s’élancent dans les campagnes qui leur sont ouvertes. Ils entraînent à la fois les arbres, les troupeaux, les hommes, les temples et les Dieux. Il ne reste plus de maisons; si quelqu’une peut résister à leur fureur, les ondes la couvrent bientôt jusqu’au sommet. Les tours pressées de tous côtés s’ensevelissent dans ces gouffres. Déjà l’Océan et la terre n’avaient plus rien qui les distinguât. On ne voyait partout qu’une mer vaste et sans rivage…